Construction

Les quatre îlots des ISAI sortent de terre (V40 et V41 à droite).

été 1947.

© provenance inconnue.


Auguste Perret (1874-1954) se voit confier la réédification du Havre en 1945 par le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme. C'est le plus gros chantier des destructions françaises de la seconde guerre mondiale.

Les 5 et 6 septembre 1944, le centre-ville du Havre est détruit par les alliés : on dénombre 5000 morts, 12500 logements détruits et près de 80000 sinistrés. Raoul Dautry, ministre du MRU, désigne Auguste Perret et son atelier composé d'une vingtaine d'architectes pour rebâtir la ville. A la suite d'un concours interne, le permis de construire des quatre premiers îlots est déposé le 6 août 1946. Ce sont ces immeubles qui forgeront le style et la trame de la ville reconstruite.

Place Gambetta (projet).


Esquisse de plan.


Coupe longitudinale d'un ISAI.



Quelques vues du chantier de 1946 à 1950

Les photos sont pour la plupart de Robert Lhommet, réalisées en partie pour la maison Chevaujon. Elles proviennent du fonds Tournant aux archives municipales et d'un fonds privé.


Chauffage et circulation de l'air

L'ensemble des installations de chauffage et d'aération sont parties communes et ne peuvent être modifiées (y compris les grilles de diffusion de l'air qui ont un impact sur l'équilibre de l'ensemble). Ce système est sur la liste des parties classées au titre des monuments historiques.

En livrant des immeubles chauffés à l'air pulsé (air conditionné disait-on à l'époque) et dont les salles d'eau et WC sont ventilés par des gaines individuelles et non par des fenêtres, Auguste Perret se situait à la pointe de la technologie.

Le schéma ci-contre montre la circulation de l'air chaud et froid dans un immeuble de trois étages.

Une chaufferie centrale située au bas de la tour de l'îlot V41, alimente les différentes parties de la copropriété, ainsi que les îlots V6 et V41 extension, par un circuit primaire d'eau à 85°. Ces calories sont ensuite converties en eau chaude sanitaire et en chauffage à air pulsé dans les appartements. Les commerces ont un circuit de chauffage à part utilisant des radiateurs à eau, tandis que les studios de la tour de l'îlot V41 combinent air pulsé et radiateurs.

 

L'air pulsé dans les appartements est fourni par des aérothermes collectifs situés aux entresols. Une gaine montante alimente les logements puis une autre gaine horizontale distribue les différentes pièces par les faux plafonds. 

 

L'aérotherme (appelé à l'origine climatobloc ou conditionneur) est une imposante machine qui transforme de l'eau chaude en air chaud via une batterie et qui le pulse via un ventilateur. L'ensemble de ces installations est encore en configuration d'origine.

 

Le logement est ainsi mis en surpression et l'air est constamment renouvelé. La circulation de l'air se fait par des ouvertures au bas des portes intérieures puis est repoussé naturellement à l'extérieur de l'appartement par des gaines montantes situées dans les pièces humides (cuisine, salle d'eau et toilettes). Il est à noter que ls appartements sont donc libérés de toute installation visible de chauffage (radiateurs, tuyaux). 

 

Pour les jours d'été où il fait plus chaud à l'extérieur qu'à l'intérieur, un deuxième réseau de gaines descendantes permet l'aération des logements par des orifices sous les balcons du premier étage.

 

La température n'est pas réglable par appartement. En revanche, un système de sondes module la température de soufflage en fonction de la température extérieure.

 

La chaufferie était alimentée par du fuel lourd jusqu'en 2011 où ce combustible fut remplacé par du gaz naturel. Les cuves ont été démontées et le site partiellement dépollué. La chaufferie rejoindra le réseau de chaleur urbaine à l'horizon 2024, mettant ainsi un terme à la production de chaleur sur site. En attentant, le calorifugeage de la totalité du réseau a été refait en 2022.

 

Tous les logements sont dotés d'au moins un conduit de cheminée qui peut servir de nos jours pour une installation privative à condition d'être tubé.

 

Les deux dernières illustrations ci-contre proviennent des archives municipales (fonds Hermant). celle du haut est un plan technique de la chaufferie, celle du bas est issue d'un magazine non identifié (à noter que de nos jours, l'eau n'est plus sous pression à 135° et par ailleurs, le système d'humidification de l'air a rapidement été abandonné).



Reportage France 3 Normandie

Pascal Denécheau

En octobre 2020, France 3 Normandie a consacré un reportage à Pascal Denécheau, président du conseil syndical, qui explique comment il a à cœur de protéger ces immeubles extraordinaires.